Charrières (Creuse)

Retour en haut

Au XVIIIe siècle, le membre de Charrières s’étendait sur quinze paroisses et sur quatre-vingt-huit villages. Le château a complétement disparu. En revanche, une association s’est créée pour sauvegarder la chapelle, refaire quelques parties et mener des actions culturelles locales. Des travaux ont déjà été réalisés pour préserver l’existant, d’autres sont programmés pour le printemps 2021.

Propriété privée - Ne se visite pas

Charrières : ruines de la chapelle

Charrières : plan napoléonien (1841)

Origine & Situation

  • 1190 : Date à compter de laquelle les cartulaires d’Aureil et de l’Artige font mention de Charrières. A cette époque, ce petit village est une cure de l’ancien archiprêtré d’Aubusson ; il se situe sur une importante voie carrossable.
    Charrières : plan napoléonien (1841)

Histoire de la commanderie

  • 1192 : Les Templiers de Charrières (Templarii de Chareriis), Gérald de Saint-Junien et Gaucelm de Bosogle engagent ce qui leur appartient sur diverses terres.
  • 1282 : Le 23 juin, un accord passé entre l’évêque de Limoges et l’ordre du Temple, stipule que la chapelle de Charrières dépend de l’église matrice [1] de Saint-Maureil et que le recteur de ladite église doit recevoir de cette maison dix-huit setiers de seigle.
  • 1312 : A la suppression des Templiers, la commanderie passe à l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.
  • Charrières subsistera jusqu’à la Révolution comme commanderie de Malte.
    Charrières : plan de la chapelle

La commanderie de Charrières

  • La commanderie se compose d’une ferme et de dépendances, d’un château et d’une église.
  • On accède à une cour intérieure pavée de pierres brutes par un portail « en forme de fer à cheval ». Au centre de cet espace, se trouve un bassin circulaire avec margelle en pierre de taille et jet d’eau.
  • Le domaine a un rôle essentiellement économique (exploitation des terres, du bétail,...) et juridique (perception des impôts et des revenus).
  • La commanderie de Charrières comprend quatre membres : en Creuse, ceux de Charrières et de Gentioux, et en Corrèze, ceux de Saint-Maurice-près-Robert et de Chaumont.
    Charrières : vestiges de la nef
  • 1684 : Une visite précise que :
    - de cette habitation dépend une terre de trois quartes, un pâturage de trois sétérées, une forêt d’environ cent cinquante sétérées, le tout contigu, et une petite châtaigneraie.
    - Le commandeur possède encore les étangs de Charrières, de Monthioux, de Présenchères, et perçoit des dîmes sur les lieux de La Faurie, des Moulins-de-la-Barde, de la Colomberie, de Présenchères, de Champagnac, de Montcheny, du Puy, d’Oche, de Truffy, du Petit-Auriat, de l’Estrade, de Saint-Amand-le-Petit, du Vigon et de la Chassagne.
  • 1829 : La paroisse de Charrières est rattachée à la commune de Saint-Moreil.
  • 1837 : Le château de la commanderie, adossé à l’église, est détruit. Ses pierres serviront à construire plusieurs bâtiments.
    Charrières : façade Nord de la chapelle

La chapelle Sainte-Claire

  • La construction de la chapelle remonte au XIIIe siècle.
  • Placée à l’origine sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste, la chapelle fut par la suite dédiée à Sainte-Claire.
  • L’édifice a une longueur totale de 21 m sur 7 m de largeur.
    Charrières : calvaire et chapelle
  • La nef rectangulaire se décompose en trois travées voutées d’ogives à liernes octopartites, la dernière formant le chœur, ce qui crée un effet de baldaquin : ce voûtement élégant et élancé se retrouve à l’église templière de Paulhac. Ce type architectural de nef unique à chevet plat est typique des " églises-granges " des Ordres religieux militaires hospitaliers en Limousin ou même des Ordres érémitiques tels les Prémontrés. Il s’agit d’un plan pragmatique, rapide à construire et qui a fait ses preuves en matière de solidité quant à la résistance aux poussées. De plus, il crée une illusion d’austérité que le mobilier liturgique et le décor peint, sculpté et tissé gommaient.
  • Des arcatures sur les murs gouttereaux soutiennent par leurs culs-de-lampe à tête humaine les ogives et les doubleaux. Ils se situent à 6 m au-dessus du sol. Ce décor extrêmement commun dans les églises rurales, même non templières ou non hospitalières de Saint-Jean-de-Jérusalem.
    Charrières : nef de la chapelle
  • Les fenêtres sont en plein cintre : il ne faut y voir aucun archaïsme, les voûtes octopartites démontrent, en effet, les compétences exceptionnelles des maîtres d’oeuvre en plein 13e siècle aux confins du Limousin.
  • Une arcade pratiquée dans l’épaisseur de la muraille abrite un enfeu : probablement le tombeau d’un ancien commandeur, de Saint-Jean de Rhodes ou de Malte ?.
  • Des peintures d’une époque indéterminée représentant sainte Claire et saint Moreil décoraient le chœur.
  • Le portail nord est en arc brisé, avec boudins et colonnettes, encadré de deux arcades aveugles. Les cordons d’encadrement sont ornés de masques humains.

Charrières : porche d'entrée côté Nord

  • Un clocheton s’élevait au-dessus et en extrémité Ouest du toit.
  • La cloche portait une inscription en lettres gothiques : L’an mil V. C. IX. [1509] Sancte Johanne Baptista ora pro nobis, avec d’un côté un chevalier barbu armé d’une longue lance et, à l’opposé, un prieur de l’Ordre revêtu de son ample manteau.
  • 1904 : Au milieu du sanctuaire, une pierre tombale mesure deux mètres de long. Dans la nef, dix autres pierres tombales sont ornées de croix grecques et de croix de Malte.
    Charrières : voûte de la chapelle
  • 1922 : La chapelle est détruite ; aujourd’hui il n’en reste que quelques précieux vestiges.
  • Subsistent également les restes d’un cimetière dont quelques tombes ont été transportées dans le cimetière de Saint-Moreil vers 1920.

Charrières : masques humains
Charrières : chapiteau de la chapelle

Le dernier chevalier du Temple de Charrières

Charrières : croquis de la chapelle par Jules Tixier

  • 1307 : Un vieux chevalier du Temple, frère Géraud de Saint-Martial, est précepteur de Charrières « de Charreriis de senescallia Pictaviensis, diocesis Lemovicensis ».
  • 1308 : Interrogé à Rome, il raconte qu’il a reçu l’habit du Temple, il y a environ cinquante ans, des mains de frère Etienne de « Loriut », précepteur du Limousin, en une maison du Temple appelée Chamberaud. Peu après son admission, il est allé outre-mer et y a passé vingt-quatre ans.
  • Pour n’avoir pas compris quel genre d’aveux on attend de lui, il est mis à la torture « in duris tormentis », puis enfermé dans une tournelle [2] trois semaines durant, mis au pain et à l’eau et ensuite amené à Poitiers pour y être incarcéré.

Charrières : départ de croisée d'ogives

La fontaine Sainte-Claire

  • Une fontaine nommée « Sainte-Claire » est creusée à côté et en contrebas de la chapelle.
  • Ce lieu de dévotion servait à soigner les maladies des yeux.
  • Beaucoup de pierres de ce lieu saint ont été utilisées pour construire des maisons dans le village de La Faurie.

Charrières : vestiges de la chapelle

Les précepteurs du Temple

Charrières : bras reliquaire disparu

  • 1190 : frère P. Regembert
  • 1200 : frère Adhémar de Charrières
  • 1307 : frère Géraud de Saint-Martial

Les commandeurs de Saint-Jean-de-Jérusalem

  • 1398 : frère Johannis Bonnat (dit aussi frère Jean Baria)
  • 1424 & 1445 : frère Guillaume d’Aubusson
  • 1459 : frère Elye Capeyra
  • 1468 : frère Louis d’Aubusson
  • 1479 : frère Guy d’Aubusson
  • 1498 : frère Etienne de Petra
  • 1491 & 1504 : frère Jouffroy Ducros
  • 1539 & 1587 : frère Antoine de Chaslus
  • 1548-1550 : frère Jean Galbert des Fons
  • 1559-1586 & 1588 : frère Jacques de Dyo
  • 1601 : frère Claude Duguyé
  • 1606 : frère Jean-Louis de Beaufort
  • 1608 & 1615 : frère François de Breschard Le Poussus
  • 1611 & 1638 : frère Just de Fay de Gerlande
  • 1643 : frère Jean de Fay la Tour-Maubourg
  • 1645 : frère Claude Montagnac de Larfeuillère
  • 1662, 1669 & 1674 : frère Jean de Forssat
  • 1686, 1675 : frère Charles de Fassion de Sainte-Jay
  • 1693 & 1721 : frère Henri de Gratel de Dolomieux
  • 1720 : frère De la Regaudie
  • 1727 : frère François de Chevrier de Saint-Mauris
  • 1733-1767 : frère Louis-Nicolas de Rollat de Marsay
  • 1736-1745 : frère Louis de Marsay
  • 1778-1792 : frère E. P. de Marcellanges

Charrières : chapiteau

Le mot du propriétaire

Cette rubrique est ouverte au propriétaire du lieu qui peut ainsi s’exprimer librement. Nous lui demandons de nous contacter : contact@passion-patrimoine.fr

Sources de référence

  • Archives départementales de la Creuse pour l’extrait du plan napoléonien.
  • Archives départementales du Rhône : Série 48H - Fonds Ordre de Malte.
  • Bibliothèque francophone multimédia de Limoges pour les gravures extraites du livre de Pierre COUSSEYROUX : Histoire de la ville et de la baronnie de Peyrat-le-Château : guerres de religion, tribunaux révolutionnaires de Limoges et de Saint-Léonard. Dumont (1904).
  • LAURADOUR (A.) : La commanderie de Charrières. Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse (1965).
  • LEONARD (E.-G.) : Introduction au cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317) constitué par le marquis d’Albon.
  • SENNEVILLE (G. de) : Cartulaires des prieurés d’Aureil et de l’Artige en limousin. Limoges (1900).
  • TIXIER (J.) : La commanderie de Malte à Charrières. Croquis historiques de Limoges (1907).
  • VOGUE (C.-J.-M. de) : Charrières. Revue de l’Orient Latin. Paris (1899).

Notice mise à jour le 29 mars 2021

Notes

[1Plus ancienne église d’un pays ou d’un Ordre religieux

[2Petite tour

Votre panier contient produit(s)

Licence Creative Commons
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas dâ€â„¢Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.

Email : contact@passion-patrimoine.fr | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0