L’Epinat (Indre-et-Loire)

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A l’Epinat subsistent d’importants vestiges d’une chapelle du XIIe siècle, qui fut celle d’une commanderie de Templiers.

Propriété privée - Ne se visite pas

Epinat : vue aérienne (1974)

Epinat : maison du garde de l'Epina (1839)

Origine & Situation

  • 1164 : Première mention de la maison du Temple de l’Epinat -aujourd’hui Epina- (commune de Barrou) : le père De Humbault fait don des prés de Farcelles aux Templiers.
  • 1220 : Le Domus militiae Templi de Spinaceto est une ferme au milieu des bois et près d’un étang.
  • L’orthographe du lieu varie : Domus Templi de Lespinaze (1217), Milice Templi de l’Espiaz de Valençay (1243), Espinacii domus, ...

Epinat : plan napoléonien (1813)

Histoire de la maison du Temple

  • 1180 : Hervé de Guiterne concède aux Templiers une terre pour y établir un étang.
  • 1200 : Arnaud de Lucion, chevalier, leur donne terres, prés et bois dans le forêt de Gautier.
  • 1213 : La forêt de l’Espinat appartient à Geoffroy IV, Vicomte de Châteaudun, qui autorise les religieuses de Rives à y faire paître leurs troupeaux.
  • 1217 : Un accord est signé entre Etienne de Graçay et frère B. du Mesnil, précepteur de l’Epinat au sujet d’une femme serve [1]. Il stipule que cette femme appartiendrait de son vivant aux Templiers mais qu’un an après sa mort, ses biens seraient vendus au profit du seigneur de Graçay et ses meubles au profit des frères du Temple.

Epinat : la commanderie

  • 1243 : C. de Boissimon, chevalier, abandonne aux Templiers de l’Epinat les droits qu’il a sur une femme serve. Est-cette femme dont la sépulture a été découverte dans la chapelle ? [Voir chapitre consacré aux fouilles de 1968]
  • 1267 : L’Hospital de l’Espinacerie est mentionné comme suit dans la charte de la Merci-Dieu : Chartre de Jeanne, dame d’Estableau, qui, du consentement de Regnaud, Chevalier, Seigneur d’Estableau, son mari, donne à l’Abbaye et aux religieux de la Merci-Dieu, soixante arpents de landes, situés entre la maison de l’Hôpital appelé l’Espinacerie, et la Rivière de la Glaise.
  • Au début du XIVe siècle et après la dissolution de l’ordre du Temple, la maison de l’Epinat passe aux mains des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, d’où son nouveau nom de commanderie Saint-Jean de l’Epinat.

Epinat : cour intérieure de la commanderie

  • 1559 : La commanderie de l’Epinat est affermée.
  • 1663 et 1664 : D’après les registres paroissiaux, deux mariages ont lieu dans la chapelle de « Saint-Jean de l’Espinat. »
  • 1636 à 1750 : On trouve des actes de naissances et de sépultures pour des « mestayers », « laboureurs », « fermiers. »
  • Après 1789, l’exploitation des forêts constitue le principal revenu de l’Epinat.
  • Pour Dufour, l’Epinat fut réunie à la commanderie de Brizay ; pour Carré de Busserolle à celle de Blison en Brenne, au XVIIe siècle.

Epinat : ruines de la chapelle

La commanderie de l’Epinat

Epinat : plan d'ensemble des bâtiments existants - Dessin Geffard

  • 1791 : Des anciens bâtiments de la commanderie, il ne reste qu’une petite habitation, une grange, une tour placée au milieu d’un préau et une petite chapelle tombant en ruines.
  • Au XVe ou XVIe siècle, la nef de l’église est coupée pour bâtir un logis dans la partie occidentale.
  • Au XVIIIe siècle, les dépendances de la ferme sont construites et subsistent aujourd’hui. A cette époque, lors d’une visite [2], voici comment les visiteurs auraient été accueillis à l’Epinat :

Cartier, le métayer, les conduit dans la "chambre du colon... attendu qu’il n’a pas les clefs de la chapelle". Il y a deux chambres dont une chambre à cheminée avec des fenêtres et un four. Au-dessus, des greniers où on monte par un degré de bois. Il les mène à une autre chambre basse, au bout de la chapelle, avec une autre au-dessus. Il leur montre ensuite la grange, avec deux étables à côté, un puits dans la cour entourée de murailles. Selon lui, les réparations se montent à 220 livres depuis 1765. Il paye 620 livres de ferme par an...
... La clé étant arrivée, ils peuvent visiter la chapelle, dans laquelle ils trouvent les mêmes décorations, ustensiles et objets de culte qu’ailleurs. Ils y remarquent cependant un tableau représentant saint Jean...

Epinat : ruines de la chapelle

La chapelle

Epinat : porche occidental - Photo Dechêne

  • 1812 : Bien que transformée en grange et en cellier, selon Dufour, la chapelle parait encore voûtée.
  • Aujourd’hui, ne subsistent de la chapelle que le portail (restauré), une portion de mur de l’abside et des chapiteaux épars.
  • Sur la façade Nord, le portail en plein cintre possède quatre voussures dont seule la plus basse est complète.
  • La nef, en deux parties, se termine par un chevet en hémicycle qui présente trois ouvertures murées, séparées par des contreforts.
  • Le mur, côté Sud-Est, porte les traces d’un escalier détruit et en-dessous d’une porte murée.
  • La deuxième partie de la nef, plus petite et moins élevée, est percée de deux ouvertures.
  • Une pierre encadrée porte une croix tréflée en relief.

Epinat : chapiteau Epinat : chapiteau

Epinat : plan de la chapelle - Dessin Geffard

Les fouilles de 1968

  • Fouilles réalisées par Jean-Marie Geffard :

... C’est le long de ce mur méridional, qu’étaient plantés de vieux sapins arrachés au printemps 1968. Nous avons accentué le déblaiement de cette parcelle en traçant une tranchée O.-E.
Nous trouvons, tout d’abord, un dallage en pierres biseautées. A 7 m. du chevet, celui-ci s’arrête, ayant été arraché. La couche supportant les dalles est constituée d’une faible épaisseur de mortier à laquelle font suite des remblais.
Au-dessous, des pierres de dimensions irrégulières forment la base même de l’édifice, car, ensuite, on ne voit plus qu’une mince couche de mortier avant l’argile vierge.
A 3,5 m. de la dernière dalle apparaît un mur formé dans sa largeur de sept pierres disposées en une seule rangée, la face chanfreinée tournée vers l’abside.
En-deçà, nous voyons les fondements en silex du mur du chevet.
Entre les deux, nous avons dégagé une sépulture.
Epinat : sarcophage dans le choeur - Photo Geffard

Le squelette, dans la position allongée, orienté N.-S., reposait sur la couche argileuse vierge et était entièrement recouvert de remblais.
Le niveau de pierres irrégulières (cailloutis), se prolongeait sur la sépulture.

Le squelette, en bon état de conservation, le crâne orienté au N.-E., le membre supérieur gauche plié sur le bassin, celui de droite allongé parallèlement au corps, a été mesuré soigneusement...

... D’après les tables de E. Rollet (1888), on peut affirmer qu’il s’agit d’un individu mesurant 140 ou 141 cm. D’autre part, les proportions du bassin, la forme du crâne et la finesse des os, nous permettent de conclure qu’il s’agit d’un squelette de femme. Sa dentition et l’état général des os nous font penser qu’elle était âgée d’une trentaine d’années.

Derrière le talon gauche, une pièce de monnaie probablement en cuivre. Elle présente sur l’une de ses faces, une croix, légèrement pattée comme on en voit sur celles du XII et XIIIe siècles ; tout autour semble être inscrite une devise...
Epinat : fragments et pièces découverts durant les fouillles - Dessin Geffard
... Dans l’ensemble des remblais fouillés, tant devant, dessus et à l’intérieur de la sépulture, nous avons trouvé une grande quantité de fragments de verres fumés, ainsi que d’autres moins nombreux, d’une matière plus compacte, apparemment des vitraux oxydés par de nombreuses années en terre.
A signaler d’autre part, au-dessus de la sépulture, un petit fragment rond de terre cuite présentant un reste de coloration jaune : c’est peut-être un jeton de jeu.
A proximité, dans la couche de terre arable, nous avons découvert une perle percée, en bois (buis ?), de 5 mm, de diamètre.

Epinat : pierre sculptée

Les précepteurs du Temple

  • 1178 : Aimelius
  • 1217 : B. du Mesnil
  • 1243 : Renaudus de Nançay
  • 1288 : Jean le Berruer (ou Berruyer)
  • 1304 : Guido Dalphinus

Epinat : ruines de la chapelle

Le mot du propriétaire

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Epinat : ruines de la chapelle

Sources de référence

  • Archives départementales d’Indre-et-Loire pour l’extrait du plan napoléonien.
  • GEFFARD (J.-M.) : L’Epinat (Cne de Barrou) - Vestiges d’une commanderie de Templiers. Bulletin trimestriel de la société archéologique de Touraine, t. XXXV (1968).
  • JACQUET (A.) : Templiers et Hospitaliers en Touraine - Sur les traces des moines chevaliers (1193-2001). Alan Sutton (2002).
  • JOUVE (Docteur Bernard) : Les Templiers dans l’Indre. Revue de l’académie du centre (1992).
  • LEONARD (E.-G.) : Introduction au cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317) constitué par le marquis d’Albon.

Notes

[1Personne attachée à une terre, dont les biens et le travail appartiennent au propriétaire de cette terre (seigneur, roi, communauté religieuse) envers qui elle a des obligations

[2Inspection de la commanderie

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