Propriété privée - Ne se visite pas
- Origine et situation
- La vie à la préceptorie
- La chapelle Saint-Jacques
- De Jacques de Longwy-Rahon à Jacques de Molay
- La fin de la préceptorie de Beaune (1307)
- Les précepteurs du Temple
- Le mot du propriétaire
- Sources de référence
Origine et situation
- Le Temple de Beaune prit naissance un peu avant 1177 car en juillet 1239, Hugues IV, duc de Bourgogne, ratifie une charte de son grand père, Hugues III, donnée en 1177, en faveur des Templiers de la ville.
- Ces derniers se sont installés au faubourg qui prend le nom de leur chapelle dédiée à Saint-Jacques.
- L’abbé Gandelot, indique dans son Histoire de la ville de Beaune que :
« Dans le milieu du siècle dernier [1], on comptoit jusqu’à neuf mille communautés de Templiers ; ils en avoient une à Beaune dans le faubourg Saint-Jacques, avec une chapelle, un cimetière et un vaste pourpris qui leur fut donné en 1220 par Pierre Geoffroy, du consentement de Raymond de Varennes ; ils portoient un habit blanc avec une croix rouge sur le manteau. »
- Ce petit domaine se transforma rapidement en un vaste enclos où se construisirent les divers bâtiments nécessaires pour assurer l’hébergement des chevaliers et du nombreux personnel attaché à l’exploitation.
- Comme les Templiers avaient pris pour patron saint Jacques, le domaine prit le nom de « pourpris Saint Jacques », ainsi que le faubourg qui allait se développer tout au long du vieux chemin.
- Pendant près d’un siècle, les donations en biens foncier ou en domaine affluèrent.
- Citons-en quelques-unes connues par les fonds de la série H des archives départementales :
1188 : Hugues III, duc de Bourgogne, sa femme et ses fils donnent aux frères de la chevalerie du Temple, une portion de terre et de pré dans les pâquiers de Bligny.
1189 : Le duc Eudes, étant à Montbard, confirme un don fait aux Templiers par Lucquette ou Lucate, fille de Lambert, de Champagne.
1198 : Eudes III, duc de Bourgogne, donne les pâturages qu’il possède à Combertault et à Bretanay.
Nota : Le domaine de Bretenay s’agrandira en 1236 et en 1245. C’est à ce moment que les Templiers y construisirent une "maison forte", aujourd’hui disparue. Sur son emplacement fut construit au XIXe siècle le bâtiment appelé "château de Challanges". Cette maison était entourée de douves, et possédait un vivier qui était alimenté par le Fleun, une dérivation de la Bouzaise. Elle figure encore sur le plan parcellaire de l’ancien cadastre.
1199 : Charte octroyée par Alexandre de Bourgogne-Montaigu, frère du duc Eudes III, ratifiant une donation faite à la commanderie du Temple de Beaune par Girard de Morteuil, de 77 livres dijonnaises, d’un pré et de 6 deniers de rente à prélever sur une manse.
1207 : Marguerite, fille de Lambert, se dessaisit en leur faveur d’une vigne sur le Cors de Reins (Rhoin).
1210 : Bernard de Montbard leur abandonne une pièce de vigne.
1210 : Gauthier, seigneur de Sombernon, fait donation de la Maison-Dieu de Sombernon, avec ses appartenances consistant en terres, pâquiers, eaux et bois.
1220 : Donation par Raymond, fils de Guy de Varennes, chevalier, par devant Etienne, abbé de Maizières, de son fief de la Corvée. Les Templiers lui donnent un cheval en reconnaissance.
1235 : Thibaut, jadis maire de Beaune, vend aux frères de la milice du Temple sa terre de Bligny-sous-Beaune, dont il est payé par Durand, précepteur.
1271 : Testament de Bernard de Château-Chalon, inhumé dans l’église des chevaliers du Temple de Saint-Jacques à Beaune. Il leur donne deux journaux de terre sis à Levernois.
La vie à la préceptorie
- Le pourpris Saint-Jacques s’étendait sur environ 30 journaux (superficie qu’un homme peut labourer en une journée) entre le chemin du faubourg et le ruisseau de la Bouzaise. Il hébergeait quelques jeunes chevaliers nouvellement recrutés et prêts à partir outre mer, des chevaliers de passage ou revenus de Terre Sainte et enfin, des invalides rescapés des durs combats d’Orient.
- Quelques sergents, hommes d’armes roturiers y séjournaient ou y passaient. D’autres "frères sergents" dirigeaient les serviteurs et les travailleurs exploitant le domaine et ses diverses manses rurales : bouviers, vachers, laboureurs et vignerons. L’ensemble de ces gens portait le nom de "mesnie" ou "mesnée" (maisonnée). Un chapelain assurait le service religieux.
- L’ensemble des biens exploités par la préceptorie assurait non seulement la subsistance de ses occupants, mais produisait des surplus expédiés vers les grandes préceptories urbaines ou même en Terre Sainte. Il en résultait un trafic qui empruntait une vieille route de Beaune par le vieux chemin de Montagny et gagnait la Saône par le Sud d’Allerey, où s’embarquaient gens, bêtes et biens vers l’Orient par Marseille.
La chapelle Saint-Jacques
- Construite au XIIe siècle par les Templiers, la chapelle mesure 10m80 de longueur sur 6m60 de largeur et environ 8m de hauteur au faite du toit. Elle était autrefois dotée d’un clocher surmonté d’une aiguille couverte d’ardoises, mais ce clocher a été renversé par le vent en 1815.
- La façade principale, orientée au couchant, présente un pignon écrasé, de caractère roman. Elle était percée d’un porche-portail en tiers point comportant un tympan non décoré en plein cintre dont les voussures sans ornements retombaient sur des colonnettes engagées. Ce portail se trouve aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art de New York (Etats-Unis). (Photo avec mention obligatoire ci-dessous
The Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection Gift of John D. Rockefeller, Jr., 1935) - La chapelle, dont l’appareil est fait de pierres de tailles régulières, est soutenue à droite et à gauche par deux contreforts d’un mètre de saillie. L’intérieur comporte une seule nef, coupée par un mur de refend ; dans ce mur était pratiquée une large ouverture ogivale derrière laquelle se trouvait le chœur à chevet plat, aujourd’hui disparu.
- La nef est encore éclairée de chaque côté par une baie en plein cintre ébrasée et par une baie analogue sur le pignon de la façade. Il est impossible aujourd’hui de voir si l’édifice primitif était voûté en berceau. Une charpente apparente ancienne soutient le faîtage.
De Jacques de Longwy-Rahon à Jacques de Molay
- Un certain jour de 1265, se présente à la porte du pourpris Saint-Jacques le cadet d’une noble famille comtoise, possessionnée au sud de Dôle, à Longuy, Rahon et Molay. Né en 1240, le jeune Jacques vient à Beaune s’enrôler dans la célèbre milice dont il sera le dernier Maître. Au cours de son procès, il déclarera :
« Mon serment a été reçu, il y a quarante-deux ans, dans la chapelle du Temple de Beaune, par frère Imbert de Paray, en présence du frère Almaric de la Rochelle et de plusieurs autres chevaliers.
Je promis d’observer fidèlement la règle de l’ordre. C’est là, en un mot, qu’on m’attacha sur les épaules le manteau de chevalier du Temple… »
- Profitons de l’opportunité pour donner quelques détails de la cérémonie fixée par la règle de l’Ordre.
Imbert de Paray, au nom du Maître, a rassemblé dans la petite chapelle les chevaliers alors présents en la commanderie beaunoise.
Le plus vieux dit :
"- Frère ! demandez-vous à entrer en notre compagnie ?"
"- Oui, sire."
Il lui énumère alors les devoirs, les interdictions la discipline de l’Ordre. Imbert rappelle à Jacques les rudes commandements de la milice, comment il doit accepter d’aller là où on l’envoi, à Tripoli ou à Antioche, en Sicile ou en Lombardie, partout où l’Ordre a des terres à défendre ou à gouverner.
Puis d’une voie solennelle Imbert prononce l’exhortation :
"Beau frère, vous ne devez requérir la compagnie de notre maison, ni pour posséder des richesses, ni pour avoir aise de votre corps, ni pour recueillir des honneurs..."
Jacques répète sa requête et répond à nouveau à toutes les questions relatives à son passé et à sa promesse. Imbert prononce alors l’entrée de Jacques dans l’Ordre :
"Nous, de par Dieu et de par Notre-Dame Marie, et par Monseigneur Saint Pierre de Rome, et par tous les frères du Temple, nous t’admettons à tous les bienfaits de la Maison qui lui ont été faits depuis le commencement..."
Il commente longuement la règle qui fixe tous les détails de la vie d’un Templier.
Après avoir reçu le manteau blanc timbré de la croix de gueules, Jacques de Molay gagna la Terre Sainte où il combattit vaillamment. Il y devint un des commandeurs, et assista au désastre de Saint-Jean-d’Acre en 1291. En 1293, les Templiers repliés à Chypre le choisirent comme Grand Maître.
La fin de la préceptorie de Beaune (1307)
- A l’aube du vendredi 13 octobre 1307, un commissaire du roi, accompagné d’hommes d’armes, se présente à la porte du pourpris Saint-Jacques. "Au nom du Roi", les chevaliers présents se laissent arrêter, désarmer et sont conduits en lieu sûr pour y subir leur premier interrogatoire. Ils sont peu nombreux. Les archives du procès nous donnent les noms de ces frères : Gautier, Gérard, Odo, Guillaume, Jean, Morel, Daniel, tous dits "de Beaune". Ils durent monter sur le bûcher entre 1310 et 1312.
- Un certain Laurent de Bretenay, ainsi nommé parce qu’il avait commandé la maison forte de ce nom (située prés de Challanges), fut brûlé à Paris en 1310, alors qu’il était "précepteur de Mormant".
- Le commissaire fit établir un inventaire des biens de la commanderie, tant au pourpris qu’à l’extérieur. Un syndic fut nommé pour en gérer l’ensemble mis sous séquestre, avec l’aide du personnel demeuré en place.
- Mais dès 1309, le roi ordonna la liquidation rapide de tous les biens meubles qui furent dispersés.
- Quant au domaine, le pape Clément V, en 1312, au concile de Vienne en Dauphiné, en ordonna la dévolution aux Hospitaliers de Saint Jean. A Beaune, la commanderie de ces derniers s’augmenta donc de tout le domaine qu’ils durent remettre en état. Nous le retrouverons confondu avec celui des "chevaliers de Malte", successeurs de l’ordre du Temple, dans l’inventaire établi en 1791, lors de la sécularisation de tous les biens des Ordres religieux. Jusqu’à cette date, donc, le pourpris Saint-Jacques, ses bâtiments et ses annexes suivit le sort de la commanderie des chevaliers de Saint-Jean. Les bâtiments furent assez vite négligés.
- Au XVIe siècle, la ville de Beaune les loua ainsi que la chapelle, pour en faire une sorte d’hôpital pour les pestiférés. La chapelle fut réparée, puis au XVIIe siècle, les bâtiments servirent de casernement aux troupes d’infanterie de passage. Lors de sa mise en vente comme bien national, le pourpris n’enfermait déjà plus que des bâtiments délabrés.
Les précepteurs du Temple
- 1128 : Durantus
- 1235 : Renaud
- 1242 : Girard de Bellecroix
- 1243, 1256 : Humbert de Paray
- 1265 : Hugues de Perraud
- 1288, 1295 : Anselme
Le mot du propriétaire
Cette rubrique est ouverte au propriétaire du lieu qui peut ainsi s’exprimer librement. Nous lui demandons de nous contacter : contact@passion-patrimoine.fr
Sources de référence
- Archives de la Côte-d’Or - Série 113H
- AUBERTIN (Charles) : Note sur la chapelle de Malte à Beaune.
- PERRIAUX (Lucien) : Les Templiers à Beaune (1177-1307). Extrait des Mémoires de la Société d’Archéologie de Beaune. Tome LVIII. 1975-1976.
- CHARLOT (Michel) : Le Temple Saint-Jacques de Beaune (1177-1307) : Souvenir du dernier grand maître des Templiers, Jacques de Molay (1243-1314).
- DELISSEY (Joseph) : Le Vieux Beaune. 1942.
- OURSEL (Raymond) : Les églises des Templiers. Archéologia 1969.
- LEONARD (E.-G.) : Introduction au cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317) constitué par le marquis d’Albon.