- Première mention d’Aigrefeuille
- Histoire de la commanderie
- Les dépendances d’Aigrefeuille
- Les commandeurs
- Le domaine de la commanderie
- La chapelle Saint-André
- Un haut-lieu de pèlerinage
- La bulle de Jérusalem
- Un vitrail pour la baie Sud
- " Des Racines & des Ailes " à Aigrefeuille
- Sources de références
Première mention d’Aigrefeuille
- 1167-1184 : Une charte du cartulaire de Saint-Vincent Mâcon mentionne le nom « colonia Aiguercuels ».
- Après les obsèques de son père Renaud III, à la commanderie du Temple de Laumusse, Ulrich III donne à l’église de Saint-Vincent de Mâcon, dix sols de service qu’il exige sur le village ‘’d’Ayguerruels’’.
- L’orthographe du lieu évoluera selon les époques et a fortiori selon les auteurs : Ayguerruels, Aiguercuels, Agrifolio (1344), Egrefeulle et Aigrefeuille (1384), Acrifolium (1419 & 1458), Aygrifolie (1420), Agrifolium (1519), Egriffeullie (1585), Aygrefeullie ou Egrefeuil (1650), Aygrefeuil (1655)…
- Il semble qu’il existait déjà une colonge [1] en ce lieu, lorsque les Hospitaliers de Saint-Lazare de Jérusalem en prirent possession.
Histoire de la commanderie
- 1342 : Les comptes du châtelain de Bâgé mentionnent une redevance en cire acquittée par un précepteur d’Aigrefeuille, de l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem.
- 1384 : Le maître général Jacques de Besnes passe un accord avec Etienne Marescali qui régit la maison d’Aigrefeuille sans respecter l’acte de tradition de la maison.
- 1439 : Guy Polli, curé de Bâgé-la-Ville, se reconnaît censitaire de l’administrateur de la commanderie pour un pré situé à Corcelles.
- 1441 : Frère Antoine Jomard, commandeur d’Aigrefeuille « dans la Bresse », se rend à un chapitre de l’Ordre à Boigny.
- 1459 : « Vénérable personne Dom Jean Joly, bachelier-ès-lois, est précepteur d’Aigrefeuille, alberge au profit de Jean du Solier une partie du domaine de la commanderie composé de terres et broussailles, appelées les Plactières, situées sur la ‘’charrière’’ du Soulier à Montépin.
- 1572 : Aigrefeuille fait partie de la dotation à la nouvelle milice des Saints Maurice et Lazare.
- 1610 : Le commandeur Thomas Bergerat alberge la commanderie à Georges Belliete et à Jean d’Ivolley, moyennant cent livres de cens annuel et 6 sols de directe, rachetables de 1600 livres.
- 1611, Jean d’Ivolley aliène la commanderie à un protestant François Passin qui fait démolir le clocher de la chapelle.
- 1648 : Balthazar de Lemps vient s’établir à Aigrefeuille. Il sera le dernier commandeur à résider en ce lieu.
- 1696 : Le chevalier François Meigret de Hauteville entreprend une grande et importante campagne de restauration de la chapelle.
- 1734 : François de Tiraqueau, chef des ordres militaires de Saint-Lazare et du Mont-Carmel et commandeur d’Aigrefeuille, traite avec demoiselle Christine Marion au sujet de la rente que les bouchers de Tournus doivent à la Maladrerie de Saint-Clair, située dans cette ville, et qui vient d’être réunie à la commanderie d’Aigrefeuille.
- 1789 : La commanderie est vendue comme ‘’bien national’’ le 26 nivôse an II, au district de Pont-de-Vaux.
Les dépendances d’Aigrefeuille
- La chapelle Saint-Lazare de la Servette (Abergement–Clémenciat)
- L’Hôpital de Chamonal (Marboz)
- L’Hôpital de Curville (Vonnas)
- La maladrerie Saint-Clair (Tournus)
Les commandeurs
A partir d’une fondation estimée entre 1225 et 1342, se succédèrent à Aigrefeuille :
- 1342 : Guillaume de BEYVIERS
- 1384 : Etienne MARESCALI
- 1401-1419 : Pierre MORELLI
- 1428 : Amédée MAGNINI
- 1439 : Antoine JOMARDI
- 1446 : Benoît du BOST
- 1458-1461 : Jean JOLY
- 1513 : Jean MARIN
- 1519 : Pierre PILLOT
- 1534 : Pierre CHARLOT
- 1572 : Marin MANORY
- 1602 : Thomas BERGERAT
- 1644 : Balthazar de LEMPS
- 1652 : Louis de BERNIERES
- 1666 : Guillaume de BEAUMONT DE SAINT-QUENTIN
- 1685 : Guillaume de GEOFFRE
- 1696 : François MEIGRET DE HAUTEVILLE
- 1719-1720 : Jean-Baptiste BOSC D’IVRY
- 1720-1742 : François de TIRAQUEAU
- 1742-1744 : François de DURAT
Le domaine de la commanderie
- Aigrefeuille a toujours été une importante exploitation agricole.
- Bien qu’une petite salle fut située sous la chapelle, il n’a jamais été fait mention d’une partie « hospice ou hôpital » pour les pèlerins et les lépreux.
- Au fil des siècles, l’exploitation agricole a perdu de son importance.
- A la fin du XVIIIe siècle, les commandeurs ont l’usage d’un domaine foncier composé :
1. d’une chapelle « en bons murs de briques », une cuisine, une petite chambre, une grande maison à côté pour le logement du granger, deux petites chambres, grenier au-dessus, un four, un bûcher, un petit colombier au-dessus, toits à porcs, cour, jardin d’environ un quart d’arpent, le tout clos d’une haie vive, plus une grange pour les foins et les fourrages, autre grange pour serrer les moissons, étables à bœufs et vaches, puits dans le milieu de la cour. Tous ces bâtiments [couverts en tuiles creuse et la chapelle en tuiles à crochet] bâtis en bois et exclavignons suivant l’usage du pays de Bresse, qui étaient en assez bon état ;
2. Huit terres labourables ;
3. Un étang en pacage ;
4. Quatre prés ;
5. Quatre bois ;
La chapelle Saint-André
- La chapelle est correctement orientée, construite sur un plan rectangulaire de 7,44m de long sur 7,07m de large hors tout.
- La nef est voûtée en arc brisé.
- Les encadrements des ouvertures sont en pierre alors que les murs et la voûte sont en carrons savoyards [2] disposés en parement et en boutisse.
- Au-dessus de la porte, figurent les armories de Philippe de Courcillon, comte de Dangeau, Grand Maître des Ordres réunis de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel, de 1693 à 1720.
- La cloche de la chapelle a disparu. Elle est reconnaissable car elle porte le millésime 1684 et une inscription en latin :« Sancte Lazare, ora pro nobis ».
- Le mur du chœur est décoré d’une "Résurrection de Lazare" inspirée du tableau de Pierre-Paul Rubens et identique à la gravure sur bois réalisée par Boëtius-Adam Bolswert.
- Une statue de Saint-Lazare, provenant de la chapelle, est conservée à l’église du village.
Un haut-lieu de pèlerinage
« D’où viennent et où vont ces femmes silencieuses, marchant isolées ou par groupes ? Leur front voilé accuse une peine de cœur ; il leur tarde d’arriver au but désiré. Ce sont des mères chrétiennes, jeunes encore pour la plupart, portant aux bras ou ayant laissé au berceau un enfant de frêle et languissante constitution, que la mort menace sur le seuil même de la vie. Plusieurs ont franchi les rivages de la Saône, descendent des hauteurs du Mâconnais ou du Beaujolais ; la foi transporte les montagnes. »
- Les pèlerins viennent à Aigrefeuille demander à Dieu, par l’intercession de la Sainte Vierge Marie et de saint Lazare, de favoriser la croissance et la bonne santé de leurs enfants rachitiques, débiles ou malades.
- La pratique du pèlerinage a plusieurs composantes :
La prière orale
La récupération de poussière pour la mélanger aux aliments du nourrisson malade.
L’ex-voto : l’offrande d’un linge ou d’un lange du nourrisson.
L’offrande pécuniaire : ne faut-il pas donner pour recevoir ?
La prière murale. Consiste à écrire son invocation sur le mur. André JULLIARD, ethnologue, en a relevé plus de 1200 !
Au bon St Lazare
priez pour mon petit rené
Guillemot Raymond
pour qu’il profite
est ne souffre plus
Guillemot Jean Marie
le 3 octobre 1927
La bulle de Jérusalem
- La découverte de ce sceau en plomb à Aigrefeuille démontre une nouvelle fois que cette commanderie était importante pour l’Ordre et que son passé historique est prestigieux.
Un vitrail pour la baie Sud
- Une souscription et une participation du Conseil Départemental de l’Ain ont permis le financement d’un vitrail pour la baie Sud de la chapelle.
- La conception et la réalisation de ce vitrail sont l’œuvre de Françoise Gormand-Duval, verrier d’art.
- Le support, la grille de protection et la pose ont été réalisés par Jean-Pierre Granger, ferronnier d’art.
" Des Racines & des Ailes " à Aigrefeuille
- En juillet 2016, une équipe de tournage pour l’émission des Racines & des Ailes est venue à la chapelle.
- L’orientation du reportage est le carron : la noblesse du matériau, sa résistance à travers les siècles.
- Malheureusement, la séquence tournée sur la chapelle ne sera pas retenue dans l’émission « Des Monts Jura au Val de Saône » diffusée le mercredi 17 mai 2017.
Sources de références
- HYACINTHE (Rafaël) : L’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem au Moyen Age. Bez-et-Esparon (2003).
- TOUATI (François-Olivier) : Maladie et société au Moyen Age. Paris, Bruxelles (1998).
- VALETTE (Bernard) : L’ordre de Saint-Lazare à Aigrefeuille-en-Bresse : de la commanderie au pèlerinage. Les Amis du Site, Bâgé Culture et Loisirs (2010).